À l’Ecole d’Assas, il est possible de s’initier à la recherche à l’occasion de son mémoire de 4ème année en masso-kinésithérapie. Son directeur scientifique, Arnaud Delafontaine et Michel Pillu, professeur et membre du Département International orientent et accompagnent les étudiants dans leurs projets de publications scientifiques. Cette année, plusieurs étudiants de l’École d’Assas ont ainsi vu leur mémoire salué par la presse scientifique.
Celui de Camille Peloux de Reydellet de Chavagnac et de Guillaume Cottereau, a été cité à l’occasion de l’édition 2021 du Prix Éditorial de la Presse et de l’Édition des Professions de Santé. En effet, la revue KINESITHERAPIE SCIENTIFIQUE dans laquelle il a été publié est lauréate de la catégorie « Professionnels de la rééducation ». D’autres étudiants suivent leur trace comme Sébastien Romanet qui nous livre son témoignage.
Sébastien Romanet a découvert la neuro-dynamie à travers le cours de Carmen Valenza dispensé lors de la semaine internationale à l’école d’Assas. Ça lui a donné l’envie d’aborder plus en profondeur ce sujet au travers de son mémoire sur les patients souffrant de lombalgies.
« En 4ème année, j’ai eu envie de pousser plus loin mes connaissances, notamment en m’intéressant à la recherche. En fait, l’école organise une semaine internationale avec des enseignants du monde entier. Ils viennent nous parler d’un sujet spécifique comme la douleur, la pédiatrie. Carmen Valenza, professeure à l’Université de Grenade, est intervenue pour nous enseigner les principes de la neuro-dynamie. C’est une technique de traitement et d’évaluation incluse dans la thérapie manuelle du nerf. Je l’ai trouvée passionnante et j’ai demandé à faire un projet avec cette enseignante. Puis d’en faire mon sujet de mémoire, avec Mme Valenza comme directrice de mémoire.
Grâce à une bourse Erasmus, j’ai pu me rendre à l’université de Grenade et y ai découvert d’autres façons d’enseigner et d’apprendre. Par ailleurs, j’ai rencontré des étudiants qui venaient de différentes filières (infirmier, kiné) pour suivre les cours de Carmen Valenza. J’ai beaucoup apprécié toutes ces rencontres qui m’ont beaucoup appris.
En fait, Carmen Valenza est directrice de Master à Grenade. Elle encadre également des doctorants et assure des cours de kinésithérapie. Je n’avais pas de cours magistraux, mais je faisais partie de l’équipe affiliée à cette enseignante. Il y a beaucoup d’échanges et d’entraide entre étudiants, c’est très enrichissant. De plus, les cours de méthodologie de Carmen Valenza me sont très utiles pour conduire mon mémoire.
Je suis passionné par mon sujet qui aborde la Neuro-dynamique : traitement et évaluation du nerf par le mouvement, son étirement (population de lombalgiques subaigus et chroniques). Et c’est agréable de pouvoir partager ma passion avec d’autres passionnés ! »
Pour qu’un mémoire fasse l’objet d’une publication, il doit être visé par un jury scientifique qui en reconnaît l’intérêt et la validité. Pour Arnaud Delafontaine, les masseurs-kinésithérapeutes ont une expertise spécifique qui a beaucoup à apporter à la recherche. Jusqu’à présent plutôt confidentielle et réservée à la filière STAPS, la recherche en masso-kinésithérapie est pourtant fondamentale. Comme l’explique Sébastien Romanet qui abonde lui aussi dans ce sens.
« Faire une année de recherche, c’est indispensable. Car la science évolue et on doit être acteur et ne pas être dépendant de techniques qui sont figées.
Il existe un doctorat en STAPS, mais pas en rééducation. C’est un domaine jeune, alors qu’en Espagne il y a des masters axés réadaptation. Je sais qu’il y a aussi un doctorat à l’université de Montréal consacré à la réadaptation.
Depuis 2019, les DE masseur-kinésithérapeutes sont reconnus au grade de master (5 années d’études) et permettent d’accéder en M2 et doctorat. Après l’obtention du DE, on peut donc faire de la recherche tout de suite. Mais on peut aussi décider de pratiquer exclusivement et de reprendre des travaux de recherche plus tard.
Moi je sais que je veux faire de la recherche. C’est pour cette raison que j’ai voulu travailler avec Carmen Valenza. Elle m’a proposé une éventuelle publication scientifique. J’espère que cela pourra se faire. En tout cas, j’aurais effectué un travail de qualité grâce à des enseignements de haute tenue. J’aurais acquis des bases solides pour continuer en Master 2 et doctorat. »
D’après Michel Pillu et Arnaud Delafontaine, la 4ème année d’étude présente l’occasion aux étudiants intéressés par la recherche de pouvoir se préparer à des niveaux d’études universitaires plus élevés. Il y a de plus en plus de masseurs-kinésithérapeutes qui se lancent dans la recherche via des thèses de doctorat. De fait, les étudiants sont souvent hébergés par des Facultés STAPS et donc il y a beaucoup de recherches autour du mouvement, de la marche, etc. Dans les hôpitaux, les recherches sont souvent contrôlées par les médecins qui gardent la main sur les protocoles. C’est important pour ceux qui le souhaitent d’être prêts à intégrer le milieu universitaire de la recherche.
L’École d’Assas donne les moyens aux passionnés par la recherche de poursuivre dans cette voie après leur DE. Tout d’abord grâce à la méthodologie dispensée, ensuite grâce à ses enseignants impliqués dans la recherche, comme Arnaud Delafontaine ou même des enseignants d’universités étrangères. Ainsi, A. Delafontaine et M. Pillu ont pour objectif de permettre à toutes celles et ceux qui le souhaitent de travailler en vue de faire connaître leurs travaux. Cela passe par des publications scientifiques qui constituent un moyen de diffusion efficace des apports de la recherche.
Plusieurs revues donnent voix aux travaux de recherche des étudiants et saluent leur qualité. Arnaud Delafontaine interrogé à ce sujet cite Manon Serra et Camille Peloux de Reydellet de Chavagnac publiés dans Kinésithérapie scientifique de mai 2021. La première avait pour titre L’intégration de la focalisation dans la prise en charge kinésithérapique des patients post-AVC ayant des troubles de l’attention et la seconde L’usage de l’instillation chez les patients adultes intubés/ventilés/trachéotomisés : une enquête des pratiques chez les masseurs-kinésithérapeutes en service de réanimation.
De l’avis de Michel Pillu, la recherche est un domaine enthousiasmant qui requiert de la passion pour son sujet. Finalement, cela nécessite sont un engagement et un investissement personnels qui procurent de grandes satisfactions. On y rencontre d’autres passionnés avec lesquels échanger et faire progresser son propre travail. Car faire de la recherche c’est faire partie d’une communauté tournée vers un même but : l’augmentation des connaissances, l’amélioration des pratiques et une hausse de l’efficacité dans la prise en charge des patients. La recherche peut également concerner l’enseignement et se pencher sur les moyens de transmission des connaissances et pratiques aux étudiants. Dans tous les cas, la recherche présente un aspect relationnel fort, entre chercheurs et vis-à-vis des patients impliqués.
« Dans la recherche, on n’est jamais tout seul. On travaille tous ensemble, à l’international. C’est très riche et personnel. C’est un travail unique. Je trouve que la recherche a fait évoluer les pratiques et qu’il y a actuellement un mouvement novateur qui change le métier », conclut Sébastien Romanet.
