« La vision de l’École d’Assas est centrée sur l’enseignement du raisonnement clinique et de l’élaboration du projet thérapeutique pour que nos étudiants deviennent des professionnels performants, capables de contribuer efficacement à l’amélioration de la qualité de vie de leurs patients. »
Intervenant à l’IFMK Assas depuis 1996, Jean-Jacques Debiemme connaît bien la philosophie maison. Appelé à diriger l’établissement en 2011, il a donc veillé tout particulièrement à ce que la mise en œuvre de la réforme des études de 2015 se fasse dans le respect de cette vision pédagogique.
En pratique, c’est à partir de 2013, lorsque la réforme est devenue une certitude, que l’effort d’anticipation et de préparation a commencé. La première mesure prise de concert avec l’équipe pédagogique a été d’ajouter un stage en première année alors que ce n’était pas encore obligatoire à l’époque : « Nous avons voulu insérer un stage clinique en K1, et pas simplement un stage d’observation, afin d’introduire la logique du raisonnement clinique dans l’esprit des étudiants alors que, jusque-là, cela se faisait seulement en K2. La mission de la direction pédagogique est là pour insuffler un esprit, des valeurs et une orientation : celle d’Assas, insiste le directeur, c’est la démarche clinique. »
Jean-Jacques Debiemme est convaincu que la réforme va permettre aux étudiants de mieux appréhender le raisonnement clinique, l’analyse réflexive, la construction d’un projet en lien avec une situation et pas simplement avec un savoir. « Il est beaucoup question de recherche aujourd’hui mais il ne faut pas oublier que nous formons essentiellement des cliniciens qui devront soigner des patients au quotidien et doivent, de ce fait, avoir une excellente connaissance de la pratique et une capacité de réflexion clinique élevée. » Il s’agit de faire le lien entre les connaissances fondamentales et la prise en charge pratique d’un patient donné dans une situation donnée, ce que le passage d’un enseignement par savoirs à un enseignement par compétences doit favoriser.
La personne, le patient, est au cœur de la vision de Jean-Jacques Debiemme : « Culturellement, résume-t-il, il faut apprendre à se concentrer non plus sur la maladie mais sur le malade. L’ingénieur kinésithérapeute que la réforme vise devra être capable de prendre en compte la dimension humaine, sociale et économique de son intervention dans la construction de son projet thérapeutique. » Du coup, et logiquement, il considère que la recherche en masso-kinésithérapie concerne aussi bien les sciences humaines et sociales que les sciences médicales. Une réflexion est d’ailleurs en cours au sein de l’IFMK pour voir dans quelle mesure il est possible d’offrir la possibilité aux étudiants d’orienter leur mémoire de fin d’études vers différents champs de la recherche et de l’évaluation clinique.
Actuellement, en liaison avec l’équipe pédagogique, l’enjeu de la direction est de préparer la mise en œuvre du deuxième cycle (K3-K4) qui va s’ouvrir à la rentrée 2016-2017. Un grand souci est porté à la définition d’un projet de formation lisible et compréhensible au service de l’étudiant. Parmi les points qui tiennent à cœur à Jean-Jacques Debiemme, il y a la qualité et la clarté de l’évaluation des étudiants : « Il s’agit d’éliminer les critères cachés et d’expliciter les attendus » explique-t-il. Un étudiant qui comprend pleinement ce qu’on attend de lui est épanoui et progresse mieux et plus vite. Or les étudiants satisfaits et performants ont toutes les chances de devenir également des professionnels épanouis qui, demain, s’investiront dans leur exercice et feront progresser la profession dans son ensemble.
Cette conviction de l’existence d’une relation étroite entre qualité de l’évaluation et satisfaction de l’étudiant vaut aussi pour les futurs patients des étudiants. Pour Jean-Jacques Debiemme, « la satisfaction exprimée par le patient est un élément du succès des soins ». Pour lui, une thérapie performante « c’est le résultat de la complémentarité entre l’usage de pratiques reconnues, l’expérience du praticien et les attentes du patient ».
« Comme praticien, conclut-il, notre objectif, c’est d’améliorer la qualité de vie des patients : si, dans le respect de nos valeurs professionnelles, on y parvient, alors on a fait notre boulot, c’est aussi simple que cela. »
Jean-Jacques Debiemme s’est tourné vers l’enseignement au milieu des années 90 après une expérience de praticien hospitalier, notamment en pédiatrie. Diplômé de l’école des cadres, il a complété sa licence en Sciences de l’éducation par un Master obtenu à Paris V et consacré à la question de la reconnaissance professionnelle ou comment démontrer l’efficacité de la kinésithérapie ?
Alors que la notion d’Evidence Based Practice (EBP, « pratique fondée sur les preuves ») est au cœur des préoccupations, Jean-Jacques Debiemme rappelle volontiers que, pour mesurer l’efficacité des soins, il faut aussi s’intéresser à la personne dans son environnement, ce qu’il appelle la « dimension écologique » du soin. « Le professionnel compétent est celui qui saura élaborer une construction thérapeutique adaptée à une personne donnée, explique-t-il. C’est ce genre de professionnels que nous cherchons à former à Assas. »