Comment protéger et prolonger sa passion ? En en embrassant une nouvelle ! C’est du moins le choix, heureux, fait par Geoffrey Demont début 2015 lorsqu’une déchirure de 6 cm aux ischio-jambiers l’a éloigné des terrains de squash où il excelle. Non seulement la kinésithérapie l’a aidé à récupérer et même à dépasser son meilleur niveau mais aussi, et c’est sans doute le plus important, à trouver sa vocation professionnelle.
5ème joueur français et membre de l’équipe de France depuis 2015, Geoffrey est issu du pôle France de squash, installé non loin de chez lui, à Aix-en-Provence. Là, il a sa famille, ses entraîneurs, ses partenaires d’entraînement et le staff de son suivi médical, dont un kinésithérapeute, bien entendu. Pourtant, depuis septembre 2016, sa vie a désormais Paris pour centre, symbole de sa volonté de préparer son futur au-delà de la compétition.
Geoffrey a en effet rejoint les bancs de l’École d’Assas où il est en première année de kinésithérapie. Immobilisé plusieurs mois à la suite de sa spectaculaire déchirure, il a compris que sa discipline sportive ne tenait qu’à un, ou deux, ligaments. Pendant les mois qui ont suivi, de rééducation et de réathlétisation – car il ne suffit pas à un athlète de retrouver l’usage de son corps mais de le reporter au niveau de performance qui était le sien avant la blessure –, Geoffrey a été comme captivé par le travail des kinésithérapeutes qui l’ont soigné.
« J’avais le désir de faire quelque chose d’utile aux autres. En voyant les bienfaits concrets que m’apportaient les séances de kiné, j’ai compris que ma vocation était là. Par la pratique du squash, je connaissais la kiné sous l’angle préventif ; en étant blessé, j’ai découvert sa dimension curative. »
Un autre aspect de la profession qui a touché Geoffrey, c’est sa dimension humaine. Un aspect important pour un sportif habitué à se débrouiller tout seul lors des tournois à l’étranger, faute de budget pour se faire accompagner par son entraîneur ou son soigneur. Au squash, la victoire en finale du championnat du monde rapporte en effet autant qu’une défaite au premier tour de Roland-Garros en tennis… Du coup, pendant les premières années de leur carrière, quand les tournois à l’étranger s’enchaînent, les joueurs n’hésitent pas à loger chez l’habitant, ce qui a été pour Geoffrey une grande source d’enrichissement, d’échange et d’apprentissage de l’écoute des autres.
Comme sportif de haut niveau, Geoffrey a pu bénéficier d’une dérogation pour rejoindre l’IFMK de son choix. Précédé par deux athlètes olympiques pour celui de Marseille, qui représentait la solution la plus commode pour lui, il a reporté ses vœux sur l’École d’Assas même si cela signifiait de réorganiser complètement sa vie. Après quelques semaines d’adaptation à la vie parisienne, Geoffrey a aujourd’hui trouvé son équilibre comme sa progression au classement mondial le prouve.
Au plaisir d’étudier s’ajoute en effet un regain d’enthousiasme à l’entraînement : « Du fait des études, je ne m’entraîne plus qu’une à deux fois par jour, au lieu de deux ou trois. Du coup, les séances sont moins mécaniques, plus intenses, mieux appréciées. En outre, j’acquiers peu à peu une meilleure compréhension de mon corps, ce qui non seulement facilite la communication avec mon kinésithérapeute mais aussi me permet de prendre plaisir à le sentir travailler à l’entraînement. »