La mise en orbite d’un satellite est le couronnement d’un lancement de fusée réussi. Le premier étage de la fusée, lui, à ce moment-là, a déjà eu le temps de disparaître dans l’atmosphère et d’être englouti au fond des mers. Pourtant, sans ce premier étage, jamais le satellite n’aurait pu trouver son orbite. Appliquée aux études de masso-kinésithérapie, cette métaphore spatiale entend souligner l’importance du bon déroulement de la K1 et, dans le cadre de la réforme, du cycle 1 (K1-K2), pour la bonne mise en orbite professionnelle des futurs masseurs-kinésithérapeutes. À l’IFMK Assas, la responsable de ce premier étage pédagogique est Sophie Boulle. Un rôle d’autant plus important aujourd’hui que c’est à elle que revient de veiller au bon lancement de la réforme des études en collaboration avec l’ensemble de l’équipe pédagogique.
Diplômée en 1989 à Grenoble, Sophie Boulle a travaillé six mois en milieu hospitalier avant de choisir de se lancer en libéral. En 1992, elle ouvre son cabinet en région parisienne, avec plateau technique et piscine. Appelée un jour à participer à un programme de formation en prévention du dos dans le cadre de la Croix-Rouge, elle se pique au jeu de l’enseignement et décide de suivre l’école des cadres, passage obligé à l’époque pour l’enseignement de la kiné. Pour un professionnel libéral, l’école des cadres est un investissement lourd puisqu’elle oblige à suspendre son activité, donc à se passer de revenus, pendant une année. Au sortir de l’école des cadres, Sophie se consacrera à sa famille avant de reprendre son activité en cabinet.
Ce n’est qu’en 2008 que les sacrifices consentis pour suivre les cours de l’école des cadres trouveront leur sens quand un collègue l’informe que l’École d’Assas recherche un professeur de technologie. « Comme la base de la techno c’est la main et que j’avais quasiment 20 ans d’expérience, je me suis dit que c’était une occasion à ne pas manquer. En plus, il ne s’agissait au départ que de trois matinées par semaine, ce qui me permettait de couvrir la quasi totalité du programme tout en gardant mon cabinet. »
Peu à peu, les responsabilités de Sophie Boulle à l’IFMK Assas vont augmenter : responsable du module techno, puis responsable pédagogique pour la K1, puis participation à l’ouverture du site de Saint-Quentin-en-Yvelines. Simultanément, Sophie diminuera le temps passé à son cabinet jusqu’à l’abandonner complètement à l’arrivée des premiers étudiants à Saint-Quentin.
Aujourd’hui, elle a la responsabilité de 116 étudiants : 86 à Paris, 30 à Saint-Quentin. 116 étudiants auxquels elle doit fournir les meilleures bases – le 1er étage de la fusée – pour devenir demain des professionnels compétents.
Son travail revêt en outre un caractère très sensible puisque c’est par elle que passe le début de l’application de la réforme des études. En début de cycle, la réforme soulève deux défis principaux.
1) Tout d’abord, « faire face à un nouveau type de recrutement – via la filière universitaire –, donc à un nouveau profil d’étudiants ». Jusqu’à hier, les étudiants arrivaient sur concours, après une prépa spécifique ; à présent, ils entreront après une première année de fac, avec une motivation différente. Le défi sera donc de les ouvrir aux spécificités et aux opportunités du métier pour les conduire à se l’approprier.
2) Ensuite, la 1ère année devenant 1er cycle avec la K2, il convient de redistribuer les enseignements sur deux années ce qui suppose un gros travail de coordination et de communication avec les enseignants qui, pour la plupart, vont devoir dans le même temps remettre à plat leurs cours. Former, informer, écouter, coordonner et évaluer sont les points de passage obligés pour permettre à toute l’équipe pédagogique « de bien appliquer la réforme tout en maintenant le niveau d’exigence d’Assas ».
En dépit des incertitudes qui accompagnent immanquablement toute réforme, Sophie Boulle n’a pas d’inquiétude. « Peu à peu nous nous adapterons, nous penserons autrement nos cours et, au final, ce sera enrichissant pour tout le monde. » L’essentiel est de maintenir le niveau d’exigence, de ne pas se précipiter et de favoriser les retours d’expérience. Bref, de poser des bases solides à l’envol de la fusée.
Plus d’autonomie ? Plus de lien !
« Avec la réforme, le nombre d’heures de cours a diminué et nous nous efforçons de donner aux étudiants le meilleur accès possible aux ressources pédagogiques pour qu’ils puissent s’y plonger durant leurs heures libres. L’objectif c’est de professionnaliser les étudiants dès la K1 : de les faire passer de l’université au monde du travail. La réforme encourage en effet, et c’est un bon point, les étudiants à être plus autonomes, à aller chercher eux-mêmes les savoirs. Pour eux, le défi va être de faire les liens entre les enseignements, les savoirs. Du coup, la relation personnelle avec les enseignants doit être facilitée au maximum, ce à quoi toute l’équipe s’attache. En ce qui me concerne, j’ai un contact quotidien par email avec les étudiants et ma porte est toujours ouverte. C’est par les échanges qu’ils auront entre eux et avec leurs enseignants que les étudiants vont pouvoir mettre en perspective leurs savoirs. D’où l’importance du facteur humain, particulièrement soigné à Assas : Assas est, et entend rester, une école où les étudiants sont des personnes que l’on connaît et non des matricules. »