Aujourd’hui, 8 octobre, le diagnostic masso-kiné (D.M.K.) fête ses 20 ans !
Formule trouvée sur Internet pour accompagner un 20ème anniversaire : « 20 belles années passées dans notre cocon. Pour nous, tu resteras toujours ce petit que nous avons vu grandir. Mais te voir évoluer désormais dans tes prises de responsabilité est une nouvelle étape très importante dans ta vie et tu sais que tes parents ne seront jamais loin pour t’accompagner dans tes décisions les plus difficiles. Nous sommes fiers de toi et du chemin parcouru et te souhaitons le plus beau des anniversaires ».
Tu y crois vraiment, toi, à cet enthousiasme pour tes 20 ans ? Tu sais que tes parents t’on attendu longtemps ? Ils ont dû batailler dur pour que tu voies le jour. Tu n’étais pas encore né qu’ils étaient persuadé que tu allais changer leur vie. Et puis la délivrance. Tu vois le jour le 8 octobre 1996.
Et là déjà, des sentiments contradictoires s’expriment à ton égard. Et bien oui, c’est la vie, même si ce n’est que le début de ta vie, tu vas vite apprendre qu’on ne peut pas faire l’unanimité ! Il y a ceux qui te renient presque : « Quoi, ce n’est que ça ? Mais il n’y a rien de nouveau, on le faisait déjà avant ! ». Il y a ceux qui te comparent à tes grands frères et sœurs, tu n’es pas comme le diagnostic médical ni comme le diagnostic infirmier. Ça avance, on sait déjà ce que tu n’es pas ! Mais pour savoir qui tu es, le chemin est plus laborieux. Alors, des fées se penchent sur ton berceau et te parent de toutes les qualités ! On commence par te trouver une place, tu seras entre les bilans et les techniques de soin, tu seras LA REFLEXION ! C’est toi qui aideras à formuler les objectifs. Ouch !! Quelle mission !! Tu es l’espoir de toute une famille. C’est toi qui va leur faire prendre de la hauteur d’avec leur reconnaissance de « technicien ». Tu vas être l’argument et le support de leurs responsabilités.
Mais voilà ! Responsabilités ? Avant toi, cela pouvait sembler confortable et reposant de ne pas trop penser aux responsabilités. On n’était pas obligé d’expliciter sa façon de penser. Mais depuis que tu es là, que de dépenses d’énergie ! Et oui, ce travail d’explicitation, ça a un coût !
Alors que tu n’as que 4 ans, tu as failli disparaître ! Tu avais déclenché la peur de ne pas savoir s’y prendre avec toi. Ce n’est pas toujours facile d’être parent d’un « rejeton » qu’on ne comprend pas bien. Et puis il n’y a pas de formations pour devenir « parent ».
Faire des fiches, remplir des cases, ça, tes parents savaient. Mais expliciter les liens entre les pratiques et les savoirs, c’est autre chose, et puis en plus écrire !!!
Alors ta famille a fait changer ton nom, tu es devenu le « Bilan-Diagnostic ». Tu n’étais plus la réflexion qui faisait suite aux bilans, tu devenais une partie masquée du bilan, parce que ça, les bilans, ta famille, elle connaissait bien. Tu étais caché, tu ne pouvais plus être en première ligne, au front du raisonnement.
Du haut de tes 4 ans, pouvait-on penser que tu arriverais à refaire surface ? Tu as su rester discret, tu as accepté d’être un produit, une fiche synthétique. Est-ce que tu savais que ton heure viendrait ? Sacrée confiance en soi ! ça, c’est un gage pour l’avenir !
Il y avait bien des membres de ta famille qui continuaient à penser à toi, avec toutes les qualités dont tu étais doté à ta naissance. Mais à cette période, ta famille était préoccupée par d’autres combats, d’autres divisions, il fallait mettre de l’ordre !
Parallèlement, certains pensaient toujours à toi et sentaient bien que TA présence dans le processus de décision était nécessaire, que cette dynamique d’explicitation de la pensée pouvait devenir un excellent support pédagogique en formation initiale, pas seulement un but, mais le chemin à tracer et à découvrir. Bien-sûr, tous les professionnels pensent avant d’agir. Il n’y a pas de pratiques, quelles qu’elles soient, sans théories. Mais le fait d’avoir à exprimer cette pensée, à l’expliciter, à devoir l’écrire, ce n’est pas naturel, ni facile. Et cela devait être accompagné tout au long du processus de professionnalisation.
Après de longues négociations, ta famille a osé te mettre en avant. La réforme des études est enfin sortie de l’ombre et tu te retrouves avec elle sous les projecteurs. Cité dès la toute première compétence, tu deviens un axe majeur de la formation initiale. Dès le premier cycle (UE5 et UE6), tu deviens un thème central, rebaptisé parfois « raisonnement clinique » ou « processus kinésithérapique » (on reconnaît là l’influence de certains membres de ta famille !). Sur l’ensemble du parcours, le texte officiel te mets en bonne place : « le dispositif de formation favorise l’acquisition du raisonnement clinique kinésithérapique ». Tu es associé à la volonté de développer l’ingénierie en kinésithérapie. Re-Ouch !! Quelle mission !
Tout n’est pas rose. La vie n’est pas un long fleuve tranquille ! « Certains organismes et médecins déplorent la non-réalisation des bilans dans des situations pourtant soumis à la réglementation. Il est nécessaire de rappeler que la réalisation du BDK n’est pas juste une règle contraignante qui protège en cas de contrôle de la Caisse. C’est surtout un acte qui améliore la prise en charge du patient et permet une valorisation du métier auprès des autres professions médicales ».
Alors du haut de tes 20 ans, il y a bien du tiraillement entre le « produit » que tu donnes à voir, la fiche de synthèse, et tout le « processus » de raisonnement dont tu es porteur. Est-ce que finalement ta famille ne se rendrait pas compte qu’elle a besoin de toi pour grandir ? Ce n’est pas rien de vouloir passer de « technicien » à « ingénieur ». Quelle émancipation ! Alors oui, c’est sûr, tu as ta place !
BON ANNIVERSAIRE D.M.K.
Thierry Lassalle
Masseur-Kinésithérapeute Cadre de Santé
Responsable K2, IFMK Ecole d’Assas