« C’était mon premier voyage hors d’Europe. J’espérais être dépaysée et je n’ai pas été déçue. Sur le plan médical mais aussi culturel. Je suis revenue de Chine avec un regard nouveau sur la profession mais aussi sur le monde. »
Que reste-t-il, une année plus tard, d’une expérience aussi forte et originale qu’un stage de près de deux mois dans un hôpital chinois ? C’est ce que nous avons demandé à Julie Durand, membre du groupe d’étudiants de l’IFMK Assas partis en stage en Chine à l’été 2015.
« Avant de partir, nous avions eu une réunion avec les stagiaires de l’année précédente qui nous avaient donné quelques clés et conseils utiles. Nous avions aussi eu un test d’anglais oral pour vérifier que nous saurions nous débrouiller, l’anglais étant le seul moyen de communiquer avec les équipes de l’hôpital de Wenzhou. Même si Wenzhou est une grande ville de plus de 3 millions d’habitants, pour la Chine cela reste une ville de province. Les étrangers y sont rares et souvent objet de curiosité. Mais d’une curiosité bienveillante, cela m’a beaucoup marquée. J’ai découvert une profonde gentillesse et un grand sens du respect aussi bien parmi le personnel et les patients de l’hôpital que parmi les habitants. »
« Notre semaine de vacances à Shanghai nous a révélé la profonde diversité chinoise. Son immensité aussi. Shanghai compte plus de 20 millions d’habitants. Le style de vie y est très occidentalisé et nous y sommes passés bien plus incognito qu’à Wenzhou. C’est une ville fascinante mais c’est à Wenzhou que nous avons vraiment pu échanger avec les Chinois. »
« Sur le plan médical, la différence est radicale entre notre culture européenne qui se fonde sur la connaissance de l’anatomie et la leur qui se concentre sur la gestion des énergies. J’avais conscience de cette différence en arrivant sur place mais je n’imaginais pas à quel point la dimension spirituelle était importante. Aussi bien du côté des praticiens que du côté des patients. Cela m’a vraiment ouvert l’esprit. En outre, leur culture, c’est de combattre le mal par le mal. La souffrance fait partie du traitement, ce qui peut nous choquer au départ car ce n’est pas dans notre culture française mais la confiance que les patients démontrent envers leurs médecins nous fait vite considérer la rudesse des soins comme un gage de leur qualité. »
« Parmi les autres leçons que je garde de ce séjour, il y a le fait que la médecine chinoise se concentre sur la prévention. Les Chinois vont 3 à 4 fois par an consulter, non pas parce qu’ils sont malades, mais pour se maintenir en bonne santé. Par exemple, quand nous étions sur place, c’était l’été, la plupart des soins étaient orientés vers la prévention des maladies hivernales. C’est un aspect de la médecine chinoise qui pourrait être davantage pris en compte en France. Comme nous l’a dit un Chinois, pour eux, un bon médecin est un médecin sans malades ! »
« Enfin, je retiens aussi l’extrême pudeur des Chinois. Même si les praticiens interviennent avec beaucoup plus de vigueur sur les patients qu’on ne le fait en France, ils gardent toujours une distance avec leurs patients. Les Chinois ont un grand respect pour leur propre corps et le corps d’autrui. Paradoxalement, cela m’a fait prendre conscience de la grande proximité qu’il y a entre le kinésithérapeute français et ses patients. »