« À dire la vérité, dès la première semaine de cours, alors que j’avais atterri là un peu par défaut et que j’étais plein d’a priori à son sujet, je me suis mis à aimer la profession. Ce qui m’a séduit, c’est la complémentarité de l’approche scientifique et de l’approche pratique : à l’aspect médical qui m’attirait par principe, s’est ajouté la découverte du travail manuel. Très vite j’ai su que j’avais trouvé ma voie. »
Entré à l’École d’Assas comme étudiant en 1992, Hans Heitz n’en est jamais ressorti. Ou presque. Diplômé en 1995 il a en effet rejoint l’équipe enseignante dès la rentrée 1996, à l’issue de son service militaire. Depuis cette date, un pied solidement posé à Assas et l’autre dans son cabinet indépendant, il a participé toujours plus intensément au projet pédagogique de l’école dont il est aujourd’hui le responsable de la deuxième et de la troisième année de pédicurie-podologie.
De là à ne pas quitter Assas et à y devenir professeur dès la fin de ses études, il y a toutefois un pas de géant qu’Hans Heitz n’a pu accomplir que parce que sa passion naissante pour la profession s’est parfaitement conjuguée avec son attirance pour la pédagogie et l’enseignement.
COMPRENDRE ET TRANSMETTRE
Bien sûr, il n’est pas simple de passer directement d’étudiant à enseignant : « Au départ, explique-t-il, on reproduit les schémas connus puis, à un moment, on se dit qu’enseigner ce n’est pas seulement imiter ». Du coup, en 2001, Hans Heitz s’est inscrit à l’école des cadres en même temps qu’à une licence en sciences de l’éducation. « J’enseignais depuis 5 ans et m’étais installé en libéral depuis 1997 et je sentais que j’avais besoin de réfléchir sur ma pratique pour mieux l’organiser et mieux nourrir mon enseignement. Ma problématique était de savoir quelle approche de la formation des futurs professionnels je pouvais mettre en place. »
Ce souci de compréhension des processus de transmission du savoir et de leur adaptation en pédicurie et podologie, Hans Heitz l’a encore aujourd’hui. La pratique continue d’une activité libérale est pour lui un support important car il tient à communiquer une expérience concrète, aussi bien sur le plan technique qu’humain.
Après avoir été enseignant sur les terrains de stages, en soins et en semelle (technique et fabrication), il est passé à la pédagogie de la semelle. Cet enseignement a pour objet de permettre aux étudiants d’apprendre à maîtriser la relation entre le patient et sa semelle pour être en mesure de lui proposer et de lui faire accepter l’appareillage le plus adapté à sa pathologie mais aussi à ses habitudes.
LA SANTÉ, C’EST LE PIED !
Tout part de l’examen clinique qui va permettre de déterminer, en fonction du diagnostic, le plan d’appareillage. Ce travail spécifique, qui allie compétence technique – « regard de clinicien » dit Hans Heitz – et savoir être avec le client, se prépare notamment par les rencontres avec les nombreux intervenants auxquels l’École d’Assas fait appel tout au long du cycle d’études. « La présence de médecins, de chirurgiens, de kinésithérapeutes mais aussi de pharmaciens, vous donne toujours envie d’en apprendre plus. Au fil des ans, on se rend compte que de plus en plus de médecins prennent conscience de l’importance du pied et de ses pathologies dans le bilan de santé général des patients, ce qui est un encouragement pour nous. »
Responsable pédagogique de la troisième année, Hans Heitz insiste aussi sur la préparation des futurs podologues aux questions juridiques, législatives, économiques, commerciales et administratives s qu’ils rencontreront immanquablement à la sortie de l’école puisque 98% des professionnels exercent en libéral. Il s’agit de tout mettre en place pour que l’étudiant puisse construire puis conduire son projet professionnel.
Quand on lui demande un avis sur l’avenir du métier de pédicure-podologue, Hans Heitz n’hésite guère : « Il est important de revendiquer notre savoir-faire face au développement de nouvelles techniques à portée de tous. Aujourd’hui, la demande de pédicurie-podologie est plus grande qu’auparavant car de plus en plus de personnes ont conscience que cela regarde tout le monde et pas seulement les personnes âgées victimes de problèmes de corne ou d’ongles incarnés. Or, c’est à nous qu’il appartient de rappeler qu’avant de fabriquer une semelle, il y a une approche clinique à mettre en place. »