Début octobre 2020, Javier Torralba, docteur en podologie de l’université catholique de Valence, est venu donner aux étudiants de l’IFPP une leçon magistrale sur la chirurgie du pied. En Espagne, les podologues sont en effet considérés comme des médecins du pied à part entière et ont la faculté de pratiquer des actes chirurgicaux. C’est cette expérience que, dans la continuité de la semaine internationale de l’École d’Assas, il a partagé avec les étudiants de troisième année en pédicurie-podologie.
1) Après être intervenu, en janvier 2020, sur la chirurgie du pied et l’orthoprothèse lors de la semaine internationale de l’École d’Assas, vous êtes revenu donner début octobre une leçon magistrale sur la chirurgie des ongles incarnés : comment cela s’est-il passé ?
L’accueil de l’équipe pédagogique de l’École d’Assas a été absolument incomparable, avec une attention toute particulière apportée à tous les détails de ma venue. Dans ce contexte bienveillant, de nombreux points de rencontre ont vu le jour, qui vont permettre de futures recherches en commun.
Quant aux élèves, ils sont toujours surprenants pour leurs enseignants, et cette fois-ci encore ils n’ont pas dérogé à la règle. J’ai apprécié la proximité dont ils ont fait preuve et leur vif intérêt pour les différentes formes de traitement qui leur permettront de mieux prendre soin de leurs futurs patients. Les étudiants qui passent maintenant par nos salles de classe sont l’avenir de notre profession : ils doivent non seulement être formés techniquement, mais prendre aussi conscience de l’impact social que leur travail aura.
2) Depuis quand les podologues espagnols pratiquent-ils la chirurgie du pied ? Et de quel type de chirurgie parlons-nous exactement ?
Depuis quand ? Il est compliqué de répondre à cette question, car les podologues espagnols pratiquent la chirurgie depuis de nombreuses années, bien que nos compétences ne soient pleinement reconnues par le gouvernement que depuis une dizaine d’années. Quant au type de chirurgie que nous pratiquons, c’est simple : tout ce qui touche au pied, absolument. Il existe deux pratiques bien établies au niveau mondial en ce qui concerne la médecine chirurgicale, et le pied n’y échappe pas : d’une part, la chirurgie à incision minimale et, de l’autre, la chirurgie ouverte. Cette dernière n’est pratiquée que par une minorité de podologues en raison de sa difficulté et des investissements élevés qu’elle requiert – d’autant plus qu’en Espagne l’exercice de la podologie est totalement privé.
3) Plus généralement, quel est le cadre d’exercice de la profession de podologue en Espagne (cabinet privé ou hospitalier, actes remboursés ou non, accès direct au podologue par le patient ou prescription médicale préalable) ?
L’une des grandes avancées de la profession de podologue en Espagne a été l’octroi par le gouvernement de la possibilité de recevoir les patients en accès direct, sans devoir passer par la prescription d’un tiers – médecin, kinésithérapeute ou autre. Comme je l’ai déjà mentionné, notre exercice est totalement privé, même s’il est vrai que dans certains hôpitaux la figure expérimentale du podologue commence à être intégrée dans des équipes multidisciplinaires, comme par exemple les unités de pied diabétique où le podologue a même le rôle principal. Cela demeure néanmoins quelque chose d’expérimental. La contrepartie de cet exercice privé est que les soins sont à la charge des patients, sauf s’ils disposent d’une mutuelle spécifique.
4) Vous avez participé à la Semaine internationale de l’école d’Assas en 2018 et en 2020 : quelle est pour vous l’originalité de cet événement ?
Par nature, je suis toujours en mouvement. Je fais d’ailleurs partie du conseil d’administration d’ENPODHE, une organisation européenne pour le développement de la podologie qui me permet de visiter de nombreuses universités. Fort de cette expérience, je peux vous assurer que l’organisation et l’accueil des collègues de l’École d’Assas m’ont captivé dès la première minute. L’originalité de cette semaine réside d’une part dans son organisation solide – dont je sais, par expérience, le travail intense que cela représente – et, d’autre part, dans la place qu’elle réserve aux élèves de l’école dont on comprend qu’ils sont au cœur de toutes les initiatives, signe de l’importance qui leur est accordée.
5) Un mot pour conclure ?
C’est un réel plaisir de revenir à Assas et je pense que les étudiants qui y sont actuellement ont beaucoup à apporter à la profession. Ce sera un honneur de pouvoir dire, dans quelques années, que les élèves ont dépassé le maître.