Le 16 mars, soit au premier jour de la suspension des cours pour cause d’épidémie, les 120 étudiants de quatrième année de masso-kinésithérapie de l’École d’Assas devaient commencer leur stage de fin d’études : 12 semaines indispensables à l’obtention du diplôme. Depuis cette date, et en liaison constante avec l’Agence régionale de santé (ARS), comme avec les tuteurs, les terrains de stage et les étudiants, Sonia Cali, responsable du bureau des stages, et Jean-Jacques Debiemme, le directeur de l’IFMK, font face à l’incertitude et à l’urgence pour relever le défi de permettre à tous les K4 d’être diplômés cet été.
« Bien entendu, insiste Sonia Cali, il n’y a pas que les K4 à se trouver dans une situation délicate : 115 K2 devraient commencer un stage de 6 semaines mi-avril et les K1 de Saint-Quentin-en Yvelines n’ont pas pu partir en stage le 16 mars. Cependant, poursuit-elle, une marge de manœuvre – le temps en l’occurrence – existe pour qu’ils puissent récupérer le cycle normal de leurs études, alors qu’elle n’existe pas pour lese K4 qui sont déjà tournés vers l’après-diplôme. »
Impossible en effet de valider un diplôme sans avoir accompli au moins 80% du stage de fin d’études, disent les textes réglementaires. Or, dans la plupart des cas, les K4 ont passé la première quinzaine de leur période de stage à domicile à la demande expresse de Jean-Jacques Debiemme qui a veillé à ce que les recommandations de confinement du gouvernement soient appliquées en attendant les consignes de l’ARS et la mise en place des moyens de protection des étudiants dans les établissements hospitaliers. Rester chez soi, ça ne veut pas dire rester inactif, aussi les étudiants ont-ils été invités à chercher des activités complémentaires et suivre le MOOC (cours en ligne) mis en place sur les bases de la ventilation artificielle et les précautions spécifiques à prendre face au Covid-19.
« Aujourd’hui, explique Jean-Jacques Debiemme, après cette première quinzaine d’isolement, nécessaire aussi pour préserver la santé de nos étudiants, tout est envisagé pour leur permettre d’accomplir leur stage dans les meilleures conditions possibles même si des interrogations demeurent. C’est néanmoins un travail quasiment sur mesure car la situation n’est pas la même en province ou en région parisienne, elle diffère aussi entre ceux qui sont en milieu hospitalier et ceux qui devaient être en libéral, et celle des étudiants en CFA, nombreux en K4, est encore à part. En Ile-de-France, par exemple, les structures hospitalières se sont adaptées et équipées face à l’épidémie et la demande est forte mais les étudiants ne sont pas tous appelés pour autant. »
Du coup, l’IFMK encourage les étudiants à participer à la mobilisation générale contre l’épidémie, comme l’ARS l’a demandé dans une note : « Tous les étudiants sont invités à participer en appui aux équipes. La continuité de leur apprentissage est importante dans leur formation et cette activité auprès du patient est essentielle à la continuité des soins. »
Si, en région parisienne, cela signifie souvent de regagner son terrain de stage, ailleurs cela peut se traduire par l’engagement volontaire de l’étudiant dans une initiative de soutien qui prend les formes les plus variées : maraude sanitaire auprès des personnes isolées, distribution de médicaments à domicile, travail comme aide-soignant en EHPAD ou comme technicien pour la désinfection des hôpitaux. Enfin, pour ceux qui sont eux-mêmes trop isolés pour être directement utile sur le terrain, il est demandé, sous la conduite de leurs tuteurs, de conduire un travail réflexif sur la prise en charge de patients à distance ou la mise en place de programmes d’auto-rééducation, par exemple.
« Tout ceci, conclut Jean-Jacques Debiemme, ne peut se faire sans la bonne volonté des étudiants qui démontrent ainsi à quel point ils se sentent investis d’une mission de santé publique. »